Depuis la rentrée 2019, l’instruction est obligatoire à partir de 3 ans. Cette réforme a été annoncée par le Président de la République à l’occasion des Assises de l’école maternelle en mars 2018. Pour les enfants qui prennent alors le chemin de l’école maternelle, comment les préparer au mieux ?
Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, a confié la préparation de ces Assises de l’école maternelle au neuropsychiatre Boris Cyrulnik avec comme objectif de repenser la maternelle pour en faire une véritable « école du langage et de l’épanouissement ». Ces assises ont été l’occasion de faire le point sur la place de l’école maternelle dans notre système éducatif et de définir les pistes pour accroître sa contribution à la réussite et à l’épanouissement des enfants.
Pourquoi faut-il préparer l’entrée en maternelle et se concentrer sur cette première étape de socialisation ? Voici les conseils du neuropsychiatre Boris Cyrulnik donnés à l’antenne de France Inter dans « Grand Bien vous fasse », l’émission présentée par Ali Rebeihi : http://Pourquoi faut-il préparer l’entrée en maternelle et se concentrer sur cette première étape de socialisation ? Retrouvez ici les conseils du neuropsychiatre Boris Cyrulnik donnés à l’antenne dans « Grand Bien vous fasse », l’émission présentée par Ali Rebeihi.
Comment préparer l’enfant à la maternelle ?
BC : « Le début de la vie est une période sensible parce que notre cerveau synaptise : les neurones font des connections qui font des circuits.
Le nouveau cerveau de celui qui est en train d’arriver au monde est sculpté par le milieu. Parler à un bébé, c’est « circuiter » ce qui plus tard sera la zone du langage. Jouer avec un bébé c’est « circuiter » ce qui sera plus tard les zones de la vision ou de l’émotion.
Maintenant, on connait les facteurs qui permettent de sculpter les cerveaux qui fonctionnent bien et les facteurs qui altèrent le cerveau. »
Comment réussir ses années de maternelle ?
Boris Cyrulnik : « Réussir est un mot que je n’emploie pas, je parle de « s’épanouir », « se sécuriser pour apprendre », pour acquérir le plaisir d’apprendre. Parce qu’on peut apprendre à faire un effort.
« Réussite », c’est un mot très souvent employé dans les cultures asiatiques que les enfants payent cher parce qu’on les fait tellement se priver pour cela. Alors qu’en Europe du Nord, on débute d’abord par sécuriser les enfants avant de les stimuler. »
Alors : comment accompagner l’épanouissement à l’école maternelle ?
BC : « En sécurisant son enfant. Quand il est sécurisé, son cerveau fonctionne au mieux de ses possibilités. S’il est stressé son cerveau met en place des mécanismes de défense. Et si l’enfant « a peur » de la maîtresse, il va se mettre à distance. Il va se « périphériser », éviter son regard. Il se met par la peur en disposition spatiale de mal apprendre… »
« Il existe une étude dite ‘du Minnesota’, qui a prouvé que les enfants sécurisés étaient des prototypes d’enfants qui allaient réussir. Pourquoi ? Parce qu’ils ont naturellement l’appétence pour les apprentissages, et une bonne estime d’eux-mêmes. En revanche, les enfants insécurisés vont être ceux qui, d’entrée, vont être en opposition à l’enseignement, aux apprentissages, ou à leurs camarades. »-Agnès Pommier de Santi
Le problème de la propreté
BC : « Il y a des enfants ont du mal à se laisser aller à l’intimité peu glorieuse des toilettes. Alors que d’autres vont jouer, en particulier des petits garçons jouent à celui qui fera le plus loin, lui ne fera pas ce genre de jeux parce qu’il a déjà une conscience de lui un peu trop stricte. Peut-être que le rôle des parents et des enseignants sera de banaliser les toilettes. Il y a des méthodes très simples pour les rassurer. »
Favoriser le langage
Agnès Pommier de Santi : « Si un enfant ne maîtrise pas très bien le langage, il va faire du bruit avec son corps, ce qui va entraîner des conflits avec la classe ou avec l’enseignant. »
Boris Cyrulnik : « Avec un tout petit, le langage a une dimension affective plus qu’informative. Pour le bébé de trois ou quatre mois, quand sa mère s’adresse à lui, c’est un événement. Il est très heureux et il répond. Il y a un dialogue préverbal qui s’établit. Ces jeux, ces interactions préparent l’enfant à la convention du signe. Il se prépare à apprendre à parler et, plus tard, à écrire. »
Aller plus loin
ECOUTER | Grand bien vous fasse sur l’école maternelle avec Boris Cyrulnik https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-16-octobre-2019